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Avant l’arrivée du Spartiate toujours inconscient à la base de Montréal, Cédric demanda à son nouveau médecin, Athenaïs Lawson, de venir le rencontrer dans son bureau. Mithri était partie la veille, l’assurant que son secret ne serait connu que d’elle, pour l’instant. « L’épée de Damoclès, quoi ? » avait déploré le directeur. Ce fut l’ordinateur qu’il lui fallut faire taire au sujet de ses origines, car il ne voulait pas que ses jeunes agents curieux ne finissent par mettre la main sur cette information dans leur base de données.

Cédric avait dormi à son nouvel appartement, situé juste en face du nouveau pavillon de l’université de Sherbrooke. L’ascenseur de la base le déposait dans le garage, où il devait emprunter celui de l’immeuble à logements pour se rendre chez lui. Ses affaires y avaient été transportées et la division canadienne s’était donnée beaucoup de mal pour placer les meubles et les décorations comme il les aimait. Il avait passé une partie de la nuit à contempler Montréal par la baie vitrée de son balcon. Il était content de revenir chez lui, surtout que la reine des Dracos n’y résidait plus.

Au matin, il se fit un devoir d’aller saluer ses agents aux Laboratoires en se demandant à quelle section il allait les affecter. Les faux messies n’étaient véritablement un fléau qu’aux États-Unis. Il n’y en avait pas encore au Canada. En se rendant à son bureau, Cédric jeta un coup d’œil aux écriteaux collés sur les nombreuses portes du complexe : « Études biologiques : peut-être bien, songea-t-il. Génie génétique : le clonage est devenu une grande préoccupation de ce monde sans enfant, mais aucun de mes agents n’a de diplôme médical. Pollution et Changements climatiques : ce ne sont plus des problèmes depuis qu’un tiers de la population mondiale a disparu. Faux prophètes, Visions et Prophéties : je ne veux pas qu’un de mes agents finisse par suivre l’exemple de Cindy. Maladies mentales : peut-être que cela me servirait un jour. Écoute électronique : oublions cela, c’est la marotte de Kevin Lucas. Phénomènes inexpliqués et Recherche extraterrestre : ces jeunes curieux pourraient me démasquer avec un peu de chance. Corps célestes et Archéologie : la division russe a la situation bien en main. Virus informatiques, Armements, Menaces internationales, Dictatures et Antéchrist : oui, cela pourrait les sensibiliser à ce qui se passe en ce moment sur Terre. »

Il traversa la salle des Renseignements stratégiques et prit le temps de bavarder un instant avec Pascalina et Sigtryg, puis il entra finalement dans son bureau.

— BONJOUR, MONSIEUR ORLEANS.

— Bonjour, Cassiopée. Des nouvelles du transport en provenance de la Colombie-Britannique ?

— LE BLESSE SERA ICI DANS UNE HEURE, VINGT MINUTES ET QUATORSE SECONDES.

— Et le docteur Lawson ?

— ELLE A RENDEZ-VOUS AVEC VOUS A NEUF HEURES, MAIS ELLE N'EST PAS ENCORE ARRIVEE A LA BASE.

— Il lui reste encore dix minutes.

— J’AI BEAUCOUP REFLECHI A VOTRE DOUBLE PERSONNALITE.

— N’avons-nous pas eu cette conversation hier soir ?

— VoOUS M'AVEZ DEMANDE DE GARDER CETTE INFORMATION SECRETE, CE A QUOI JE ME SUIS ENGAGEE. MA REFLEXION A PLUTOT PORTE SUR DIFFERENTES FACONS DE VOUS PROTEGER CONTRE LES FUITES COMME CELLE QUI A REVELE VOTRE VERITABLE IDENTITE A MADAME ZACHARIAH.

— Je ne vois pas comment j’aurais pu l’empêcher, car elle a été provoquée par une panne du système.

— CE QUI NE POURRA JAMAIS SE PRODUIRE ICI.

— Mais si nous continuons à en parler constamment, quelqu’un finira par mettre la main sur la transcription de nos conversations.

— JE NE TRANSCRIS QUE CE QUE VOUS M'ORDONNEZ DE TRANSCRIRE.

— Si je vous ordonnais maintenant de clore ce sujet ?

— JE VOUS OBEIRAIS.

— Alors, c’est un ordre, Cassiopée. Nous ne devrons plus jamais mentionner que je suis un reptilien.

— BIEN RECU, MADAME LAWSON VIENT D'ARRIVER. ELLE SERA A VOTRE PORTE DANS SIX MINUTES.

— Faites-la entrer dès qu’elle y sera.

Cédric en profita pour lire son dossier. Athenaïs Lawson était à l’emploi de l’ANGE depuis cinq ans à peine. Elle avait surtout travaillé au Royaume-Uni, mais avait toujours exprimé le désir de s’établir au Canada. La porte du bureau chuinta, attirant sur elle le regard du directeur. La spécialiste dans la trentaine ne correspondait pas du tout à l’image qu’il s’était faite d’elle. Grande et mince, elle portait un tailleur bourgogne. Ses cheveux blond clair étaient attachés sur sa nuque. Elle s’approcha de la table de travail sans la moindre hésitation et tendit la main au directeur. Cédric se leva et la serra avec franchise.

— Je suis enchantée de faire votre connaissance, monsieur Orléans.

— Moi de même, docteur Lawson. Je crains de vous accueillir avec un cas des plus difficiles.

— Je n’ai pas peur des défis. J’ai aussi pris la liberté de demander à monsieur Shanks les rapports préliminaires sur l’état du patient.

— Je vous en prie, asseyez-vous.

Elle avait de grands yeux de la couleur de l’océan qui inspiraient confiance.

— J’ai été surprise de constater qu’il n’a pas de nom.

— Nous pensons qu’il s’agit d’un homme qui s’appelle Jordan Martell, mais nous ne le saurons vraiment que lorsqu’il aura repris conscience.

— Une recherche sur ses empreintes digitales n’a en effet rien donné et il n’est pas question de faire un examen dentaire dans l’état où il se trouve. Si cette information n’est pas confidentielle, puis-je savoir quelle importance a cet homme pour nous ?

— Il est le seul témoin d’une tragédie qui s’est produite sur une montagne en Colombie-Britannique, un peu trop près d’Alert Bay.

— Je comprends. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je vais commencer à m’installer. Je veux être prête à son arrivée.

— Oui, bien sûr. Je vous reverrai plus tard.

Elle quitta le bureau d’une démarche de mannequin.

— VOUS DEVRIEZ L'INVITER A DINER.

— Le docteur Lawson est une employée de l’ANGE au même titre que moi, et vous n’êtes pas sans savoir que les relations intimes sont interdites entre nous.

— MAIS ELLE VOUS PLAIT. VOTRE RYTME CARDIAQUE A CONSIDERABLEMENT AUGMENTE LORSQU'ELLE EST ENTREE DANS LA PIECE.

Cédric se demanda s’il était prudent de donner autant de latitude à un ordinateur.

— Mes émotions n’ont aucune incidence sur mon travail, Cassiopée. J’aimerais que nous en restions là.

— TRES BIEN, MONSIEUR.

Il éplucha les journaux du matin, puis se dirigea vers l’Infirmerie où l’équipe de transport médical venait de déposer le lit roulant du patient. Le docteur Lawson était déjà près de lui, en train de le relier aux machines ultramodernes de la salle des soins intensifs. Cédric n’avait jamais vu un homme en si mauvais état. Là où il n’était pas recouvert de plâtre, sa peau présentait de multiples ecchymoses. Athenaïs s’occupait de lui sans être le moindrement perturbée. Elle congédia les hommes d’Alert Bay et poursuivit seule son travail. Cédric était demeuré près de la porte, l’observant de loin.

— J’ai commencé ma carrière dans l’armée, déclara-t-elle en lisant les données sur le tableau électronique au-dessus du lit du patient. On finit par devenir insensible devant la douleur des autres.

— Je ne peux malheureusement pas en dire autant pour les directeurs de base.

Il s’approcha, incapable de ne pas ressentir une profonde compassion pour cet homme qui avait risqué sa vie pour débarrasser l’humanité d’un monstre aussi dangereux que Perfidia elle-même. Il avait vu la photo de Jordan Martell lorsqu’il avait enquêté sur lui, mais il lui était impossible d’affirmer que le patient qui reposait sur ce lit était ce valeureux soldat tant son visage était enflé.

— Monsieur Shanks l’a trouvé sur le flanc d’un volcan pierreux, mais il n’a aucune idée de ce qui lui est arrivé, poursuivit-elle.

— Que pouvez-vous me dire avec vos yeux de médecin ?

— On dirait qu’on l’a projeté face première à travers un mur de béton. J’ai déjà vu ce genre de blessures sur des hommes qui se trouvaient non loin d’une mine qui avait explosé.

Elle se tourna vers Cédric.

— Je ne comprends même pas comment il est encore en vie. L’équipe d’Alert Bay a réussi à contenir ses hémorragies internes et à stabiliser sa pression, mais il me faudra rebâtir tout son squelette. Il en aura pour des années avant de reprendre une vie quasi-normale.

— Mais le fait qu’il soit encore vivant ne vous indique-t-il pas qu’il y arrivera ?

— J’ai recousu des soldats qui se sont enlevés la vie par la suite quand ils se sont vus dans un miroir. Alors, ne me demandez pas de faire ce genre de prédictions. Je passerai autant de temps avec lui que je le pourrai, mais il me faudra tout de même dormir quelques heures par jour. Grâce à ces nouvelles machines, je pourrai rapporter chez moi le périphérique qui me tiendra informée de sa condition. De toute façon, je loge juste en face, alors je pourrai réagir rapidement.

« Et moi qui pensais qu’Aodhan était efficace », se surprit à penser Cédric. Athenaïs était aussi professionnelle qu’elle était jolie. Ses gestes étaient précis et consciencieux. Elle savait exactement ce qu’elle cherchait et ce qu’elle devait faire.

— Je serai dans mon bureau si jamais vous aviez besoin de moi, soupira-t-il.

Il tourna les talons.

— Monsieur Orléans, attendez.

Il pivota vers elle.

— Je ne voudrais pas que vous pensiez que je n’ai pas de cœur.

— Ce n’est pas ce que je pense.

— Je prends mon travail très au sérieux et je ne me laisse plus emporter par mes émotions. Ça vaut mieux pour mes patients.

— J’essaie de faire la même chose, croyez-moi.

Cédric la salua de la tête et quitta l’Infirmerie, car il s’y sentait de trop. Il retourna à son bureau et demanda à l’ordinateur de le prévenir lorsque le médecin rentrerait chez elle, ce qu’elle ne fit que vers neuf heures du soir. Cédric se dirigea aussitôt vers la salle des soins intensifs. Il croisa Aodhan dans le corridor central.

— Que fais-tu encore ici ? s’étonna le directeur.

— La même chose que vous, j’imagine. Démarrer une base à partir de zéro nécessite beaucoup de travail, mais nous aurons bientôt mis en route les ordinateurs de toutes les sections, y compris celle de l’Antéchrist.

— Merveilleux.

— Avez-vous choisi celles où vous affecterez Jonah, Shane et Mélissa ?

— J’ai pensé aux Menaces internationales, à la Mondialisation et à l’Antéchrist, mais si l’un d’eux a des aptitudes pour les ordinateurs, je pense que ce ne serait pas une mauvaise idée de le faire débuter aux Virus informatiques.

— Pas aux Faux prophètes ?

— Cette section, je te la laisse, railla Cédric.

— Alliez-vous partir ?

— Je voulais d’abord jeter un coup d’œil à notre patient.

— Puis-je vous accompagner ?

— Pourquoi pas ?

Tout comme Cédric la première fois qu’il avait vu le blessé, Aodhan ne cacha pas son empathie. Il s’approcha du lit et jeta un coup d’œil aux contusions.

— Croyez-vous aux pouvoirs des chamans, Cédric ?

— J’ai vu bien des choses étranges depuis que je travaille à l’ANGE.

Aodhan frotta ses paumes ensemble pendant quelques secondes et les plaça à quelques centimètres au-dessus de la poitrine du patient. Cédric leva les yeux sur le tableau électronique pour voir si le traitement allait vraiment améliorer le sort du Naga. À son grand étonnement, il vit sa respiration s’améliorer immédiatement. L’Amérindien promena ensuite ses mains jusqu’à la tête du pauvre homme et parvint à faire baisser sa pression artérielle.

— As-tu aussi le pouvoir de réparer les fractures ? se risqua Cédric.

— Je n’ai jamais essayé.

L’agent positionna ses deux mains au-dessus du plâtre qui recouvrait l’un des bras du blessé. Il ne saurait vraiment si le traitement avait fonctionné que lorsque d’autres radiographies seraient prises.

— Que faites-vous à mon patient ? s’exclama une voix féminine derrière eux.

Aodhan fit volte-face, mettant fin au traitement.

— Vous n’êtes pas censés être ici ! poursuivit Athenaïs, en colère.

— Nous n’avons touché à rien, assura Cédric.

Elle vérifia quand même tous les fils.

— Aodhan a des dons spéciaux, tenta de lui expliquer le directeur.

— Est-il médecin ?

— Non, répondit lui-même l’Amérindien. Je suis le petit-fils d’un grand chaman.

— Ce dont cet homme a besoin, ce n’est pas de quelques danses et de gris-gris.

— Je n’utilise que l’énergie de mes mains.

— Son intervention a-t-elle nui de quelque façon que ce soit au blessé ? s’informa Cédric.

Athenaïs fronça les sourcils en relisant toutes les données électroniques.

— Il est important qu’il demeure stable si je veux commencer les chirurgies bientôt.

— Me laisserez-vous au moins vous expliquer en quoi consistent ces merveilleuses facultés ? l’implora Aodhan.

— Une explication scientifique ?

— Si vous le voulez.

Elle tourna les talons et il la poursuivit dans le corridor.

— IL T'A TROUVE BELLE, LUI AUSSI.

— N’importe quel homme la trouverait belle. Cela ne veut pas dire qu’elle est facile d’accès ou même disponible.

— ELLE AURAIT DU VOUS DIRE QUE LE PATIENT VA BEAUCOUP MIEUX DEPUIS QUE MONSIEUR LOUP BLANC A EFFECTUE UN BALAYAGE MAGNETIQUE SUR LUI. IL VIENT D'AILLEURS D'OUVRIR LES YEUX.

— Quoi ?

Cédric se pencha aussitôt sur le blessé. Il entrevit ses pupilles profondément bleues à travers ses paupières enflées.

— Où…, souffla le pauvre homme.

— N’essayez pas de parler. Cela vous occasionnerait davantage de douleurs. Pouvez-vous bouger une partie de votre corps sans trop souffrir ?

Le Naga remua son petit doigt.

— Ne le bougez que si la réponse est oui. Vous appelez-vous Damalis ?

Le Naga remua une fois de plus son petit doigt.

— Je suis l’ami de Théo.

Sans avertissement, le Spartiate se changea en reptilien, faisant craquer tous ses plâtres ! « Le docteur Lawson va me tuer », s’alarma Cédric en voyant tomber tous les bandages sur le sol.

— Où suis-je ?

— Je ne peux pas vous le révéler, mais vous êtes en sécurité.

— Perfidia est-elle morte ?

— Non. Elle est grièvement blessée, mais elle a réussi à s’enfuir.

— Les œufs ?

— Ils ont été détruits dans l’explosion du volcan.

— Mes frères ?

— Vous êtes le seul survivant. Je suis vraiment navré.

Le Naga reprit sa forme humaine et ferma les yeux. C’était une terrible nouvelle à lui annoncer, mais Cédric ne voulait pas lui mentir.

 

Codex Angelicus
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